Les hématomes sous-duraux (HSD) chroniques constituent une pathologie fréquente chez les personnes âgées. Si la chirurgie reste à ce jour le traitement de référence, une intervention endovasculaire complémentaire permet désormais de diminuer les récidives.
Un hématome sous-dural chronique correspond à une accumulation progressive de sang sous la dure-mère. La pression exercée sur le cerveau provoque alors des symptômes parfois sévères, tels que des déficits neurologiques et des céphalées ainsi que des troubles de la parole, de la mobilité, de la mémoire ou de la concentration. Dans les cas les plus graves, ces HSD mettent en jeu le pronostic vital.
La chirurgie constitue depuis de nombreuses années le traitement de référence lors d’un HSD symptomatique ou volumineux. Néanmoins, bien qu’elle soit efficace et garantisse une amélioration rapide des symptômes, elle comporte un risque de récidive dans 15 à 20 % des cas. « L’inflammation autour de l’hématome entretient de petits vaisseaux qui peuvent continuer à saigner à bas bruit. Cela vient nourrir de nouveau le HSD qui ne se résorbe donc pas totalement et se reforme », détaille le Pr Paolo Machi, médecin adjoint agrégé responsable de l’Unité de neuroradiologie interventionnelle.
Une thérapie innovante
Afin de réduire le risque de rechute, un nouveau traitement endovasculaire mini-invasif est depuis quelques mois proposé en combinaison avec la chirurgie. Il consiste à obstruer les vaisseaux vascularisant la dure-mère pour mettre fin à l’irrigation de l’hématome. « Imaginons que l’hématome est comme une baignoire qui déborde. Tandis qu’à l’aide de la chirurgie, l’écoulement pour vider rapidement la baignoire est agrandi, le traitement endovasculaire agit tel un robinet que l’on ferme pour éviter qu’elle ne se remplisse à nouveau », résume le Dr Jérémy Hofmeister, médecin adjoint à l’Unité de neuroradiologie interventionnelle.
Concrètement, il s’agit d’injecter un liquide d’embolisation via un microcathéter dans les artères méningées moyennes pour réduire l’apport sanguin à la dure-mère. D’une durée de quarante-cinq à soixante minutes, cette intervention est effectuée sous anesthésie générale par l’équipe de neuroradiologie interventionnelle. Des études cliniques récentes publiées dans le New England Journal of Medicine ont démontré l’efficacité de cette approche, qui, lorsqu’elle est combinée avec la chirurgie, engendre un risque de récidive moindre (3 à 5 %).
Plus d’une centaine de personnes ont déjà bénéficié de ce traitement hautement spécialisé en Suisse. Au niveau romand, seuls les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) disposent de l’expertise nécessaire et du plateau technique pour procéder à l’intervention.
La chirurgie n’est pas systématique
Afin de proposer la stratégie thérapeutique optimale, chaque cas d’hématome sous-dural chronique est à présent discuté conjointement entre l’équipe de neuroradiologie interventionnelle et l’équipe de neurochirurgie. Ainsi, un hématome de petite taille et asymptomatique peut parfois justifier une simple surveillance par imagerie, ou un traitement endovasculaire seul. « Une étude randomisée prospective multicentrique dirigée par le Service de neurochirurgie des HUG est en cours pour mesurer l’efficacité individuelle de ce traitement endovasculaire sur le risque de récidive, comparativement à son association avec la chirurgie. Ces résultats doivent encore être confirmés, mais ils sont très prometteurs pour élargir l’arsenal thérapeutique et améliorer la compréhension de cette pathologie », souligne le Dr Aria Nouri, chef de clinique du Service de neurochirurgie et investigateur principal de l’étude.
Pour contacter l’Unité de neuroradiologie interventionnelle :
+41 (0)22 372 70 45
neuroradiologie.secretatiat@hug.ch
Pour contacter le Service de neurochirurgie :
+41 (0)22 372 52 53
neurch.vasculaire@hug.ch
Texte:
- Clémentine Fitaire